Namaste, 

Depuis deux jours, je sais parfaitement comment je m'appelle puisque j'entends mon prénom des centaines de fois chaque matin...Babeth , look my drawing...Babeth , I have so much pain ...Babeth, do you want a chaï...Babeth, are you coming tomorrow...Babeth , ek sundar pati ( un beau pansement )…Babeth , my pen is broken... Babeth ,my baby is born...Babeth, when do you come for lunch in my family...et dans un tourbillon  de ribambelles d'enfants rieurs et chahuteurs, il faut en même temps  répondre , regarder , ouvrir la bouche pour les douceurs qui y sont glissées d'office par de petites menottes un peu sales...il faut aussi consoler les chagrins furtifs et les peines plus lourdes...il faut accepter de soigner avec une petite foule de lutins déchainés nichés sur nos épaules ou sur nos genoux...l'exercice est certes fatiguant à l'extrême, mais ces matinées passées en équipe à Harischandra ghat sont comme autant de récompenses...installée sous le crématorium électrique  , et si près des crémations en plein air , occupée obstinément à panser les coupures provoqués par les fils des cerfs-volants ,les brûlures plus profondes et les plaies purulentes , concentrée à égaliser les profondes crevasses des pieds nus avec nos lames de rasoirs, à couvrir de baisers la petite troupe fidèle et ultra tonique, à refaire le monde avec les plus grands, je me fais une idée assez précise de mon paradis idéal...à Harischandra , l'éternité ne me paraitra jamais assez longue...

je vous embrasse.

 

Babeth-

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